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Un furansu-jin au Japon - Le parc du palais impérial

Écrit par Louis-VB

« Centre-ville, centre vide (…). La ville dont je parle (Tokyo) présente ce paradoxe précieux : elle possède bien un centre, mais ce centre est vide (…). De cette manière, nous dit-on, l’imaginaire se déploie circulairement, par détours et retours, le long d’un sujet vide... » Roland Barthes , L’empire des signes.

La visite du parc du palais impérial de Tokyo est une étape presque obligatoire pour le voyageur débarquant dans la capitale japonaise. C’est donc un manque total d’originalité qui m’a conduit, dès le lendemain de mon arrivée au Japon, à me plier à cette quasi obligation.

Il peut sembler étonnant de détailler la visite d’un parc ultra-touristique dans un forum consacré aux bonsai, mais vous comprendrez sûrement mieux si vous allez au bout de cette description, où si vous avez la chance de vous y rendre un jour.

Le palais impérial se trouve au centre de Tokyo. Détruit par les bombardements américains pendant la seconde guerre mondiale, le palais actuel a été achevé en 1968. Résidence de l’empereur, il n’est pas accessible au public, et seule une partie de son domaine peut se visiter : les jardins orientaux.



A l’extérieur

A la sortie de la station de métro de l’immense gare de Tokyo, rien ne laisse présager de ce qui vous attend plus loin. Le quartier environnant est très moderne, avec ses buildings, ses hotels de luxe et ses restaurants chics. 


Pourtant, après avoir traversé quelques larges boulevards, l’espace s’ouvre d’un seul coup et c’est pour ma part un véritable choc que j’ai reçu en arrivant aux abords du parc.


Certes, parler du Japon en évoquant le fameux téléscopage permanent entre la tradition et la modernité est un cliché largement éculé, mais pourtant c’est vraiment cette impression qui m’est apparue en découvrant les jardins extérieurs du palais : une immense esplanade plantée d’innombrables pins thumbergii avec pour toile de fond, à la fois lointaine et proche, un urbanisme trépidant hérissé de gratte-ciels et d’immeubles modernes. Je n’avais pour ma part jamais vu une chose pareille. Les formes des arbres, associées aux perspectives donnent une impression d’espace saisissante et on est tout de suite plongé dans une ambiance radicalement différente de celle de nos jardins européens.

Quel accueil !

A l’intérieur

Je ne vous ferais pas de description minutieuse de ce que l’on trouve au sein des jardins orientaux du palais. Je n’ai pas les compétences pour détailler les particularités architecturales et autres vestiges historiques. Il existe de nombreux ouvrages sur ce sujet. Je voudrais simplement mettre en évidence ce qui  a pu m’émerveiller dans cet endroit, en tant qu’amateur de bonsai européen.

Le Higashi Gyo-en, c’est le nom du jardin de l’est donc, s’étend sur une vingtaine d’hectares. On y trouve un jardin japonais typique, magnifique, le musée des collections impériales, de larges allées bordées de haies d’azalées, et un secteur qui  abrite une collection des arbres représentant chacune des préfectures du Japon. Ainsi, vous serez heureux d’apprendre, entre autres, que le taxus cuspidata représente la préfecture de Gifu , le cryptomeria celle de Nara, le pinus pentaphylla, celle de Ehime, et le picea jezoensis, celle d’Hokkaido . 



Quel plaisir de voir toutes ces espèces japonaises cultivées si souvent en bonsai, mais cette fois en grandeur nature ! Et cela donne une image intéressante de la geographie et des variations de climats au Japon puisque les pins pentaphylla et les picea jezoensis côtoient des palmiers.


A l’époque de ma visite (Début Mai), la végétation était un peu plus avancée qu’en Europe. Les érables montraient donc un jeune feuillage d’une délicatesse et d’une finesse admirable.



Par chance, les azalées avaient aussi bien entamé leur floraison et observer ces haies qui ne formaient rien d’autres que de merveilleux coussins multicolores fut un enchantement.


Les gingkos, quant à eux, majestueux et à la silhouette résolument originale, commençaient seulement à bourgeonner.


L’observation des pins (principalement thumbergii et densiflora) est très marquante. Comme l’attestent les photos, ils font preuve ici d’une vigueur impressionnante.

 Ils sont les rois de ce jardin. Omniprésents, chacun de leurs moindres détails sont subtilement travaillés par la main de l’homme. Ils sont tous uniques, et constituent une belle source d’admiration et d’inspiration. J’aurais l’occasion d’y revenir en évoquant les jardins japonais de Tokyo.


Bien sûr, je suis aussi passé à côté de nombreuses espèces qui m’étaient inconnues, mais ce jardin forme un ensemble développant une harmonie et une quiétude qui invitent à la contemplation et à la méditation.


Je ne peux conclure cet article sur le jardin du palais impérial sans évoquer  la population (nombreuse) qui le fréquente. En dehors des touristes très nombreux et facilement reconnaissables, j’ai surtout observé énormément de japonais dans ce parc (ce qui est somme toute assez normal !). Il est vrai qu’il  a pour eux une évidente portée historique. Une des autres explications est que ma visite a eu lieu en plein milieu de la «  golden week », La semaine pendant laquelle la plupart des japonais sont en vacances. C’est donc une foule assez importante qui déambulait dans les allées du jardin. Petites familles, groupes de jeunes, couples, personnes âgées, peintres, dessinateurs, photographes (dont certains, faisant face à un parterre d’azalées en fleurs, campés à côté de leur appareil sur trépied, en gants blancs et imperturbables, attendant la meilleure lumière). 

Tout ce petit monde forme une foule très peu oppressante, et respectueuse : pas le moindre mégot ni papier au sol. Mais il faut aussi noter que les gardes veillent, j’en ai fait l’expérience. Ayant posé négligemment mon pull à quelques mètres de moi  pour prendre une photo, ce dernier s’est vu presque immédiatement brandi en l’air   avec exclamations  japonaises et  ensuite restitué avec sourires et excuses.

Mais surtout, tous ce monde est très attentif envers ce magnifique condensé du patrimoine naturel japonais. Chacun observe, photographie et discute de telle fleur ou telle forme d’arbre.

Tout au long de mon voyage, c’est une impression qui me reviendra bien souvent : la contemplation et l’intérêt pour la nature sont des composantes incontournables de la culture japonaise. Une  composante qui peut s’exprimer même en plein cœur d’une des plus grandes villes du monde.

Un furansu-jin au pays du soleil levant.
Episode 4
LE PARC DU PALAIS IMPERIAL

« Centre-ville, centre vide (…). La ville dont je parle (Tokyo) présente ce paradoxe précieux : elle possède bien un centre, mais ce centre est vide (…). De cette manière, nous dit-on, l’imaginaire se déploie circulairement, par détours et retours, le long d’un sujet vide. »
Roland Barthes , L’empire des signes.


La visite du parc du palais impérial de Tokyo est une étape presque obligatoire pour le voyageur débarquant dans la capitale japonaise. C’est donc un manque total d’originalité qui m’a conduit, dès le lendemain de mon arrivée au Japon, à me plier à cette quasi obligation.
Il peut sembler étonnant de détailler la visite d’un parc ultra-touristique dans un forum consacré aux bonsai, mais vous comprendrez sûrement mieux si vous allez au bout de cette description, où si vous avez la chance de vous y rendre un jour.
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Le palais impérial se trouve au centre de Tokyo. Détruit par les bombardements américains pendant la seconde guerre mondiale, le palais actuel a été achevé en 1968. Résidence de l’empereur, il n’est pas accessible au public, et seule une partie de son domaine peut se visiter : les jardins orientaux.
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1) A l’extérieur
A la sortie de la station de métro de l’immense gare de Tokyo, rien ne laisse présager de ce qui vous attend plus loin. Le quartier environnant est très moderne, avec ses buildings, ses hotels de luxe et ses restaurants chics.
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Pourtant, après avoir traversé quelques larges boulevards, l’espace s’ouvre d’un seul coup et c’est pour ma part un véritable choc que j’ai reçu en arrivant aux abords du parc.
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Certes, parler du Japon en évoquant le fameux téléscopage permanent entre la tradition et la modernité est un cliché largement éculé, mais pourtant c’est vraiment cette impression qui m’est apparue en découvrant les jardins extérieurs du palais : une immense esplanade plantée d’innombrables pins thumbergii avec pour toile de fond, à la fois lointaine et proche, un urbanisme trépidant hérissé de gratte-ciels et d’immeubles modernes. Je n’avais pour ma part jamais vu une chose pareille. Les formes des arbres, associées aux perspectives donnent une impression d’espace saisissante et on est tout de suite plongé dans une ambiance radicalement différente de celle de nos jardins européens.
Quel accueil !

2) A l’intérieur
Je ne vous ferais pas de description minutieuse de ce que l’on trouve au sein des jardins orientaux du palais. Je n’ai pas les compétences pour détailler les particularités architecturales et autres vestiges historiques. Il existe de nombreux ouvrages sur ce sujet. Je voudrais simplement mettre en évidence ce qui  a pu m’émerveiller dans cet endroit, en tant qu’amateur de bonsai européen.
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Le Higashi Gyo-en, c’est le nom du jardin de l’est donc, s’étend sur une vingtaine d’hectares. On y trouve un jardin japonais typique, magnifique, le musée des collections impériales, de larges allées bordées de haies d’azalées, et un secteur qui  abrite une collection des arbres représentant chacune des préfectures du Japon. Ainsi, vous serez heureux d’apprendre, entre autres, que le taxus cuspidata représente la préfecture de Gifu , le cryptomeria celle de Nara, le pinus pentaphylla, celle de Ehime, et le picea jezoensis, celle d’Hokkaido .
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Quel plaisir de voir toutes ces espèces japonaises cultivées si souvent en bonsai, mais cette fois en grandeur nature ! Et cela donne une image intéressante de la geographie et des variations de climats au Japon puisque les pins pentaphylla et les picea jezoensis côtoient des palmiers.

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A l’époque de ma visite (Début Mai), la végétation était un peu plus avancée qu’en Europe. Les érables montraient donc un jeune feuillage d’une délicatesse et d’une finesse admirable.
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Par chance, les azalées avaient aussi bien entamé leur floraison et observer ces haies qui ne formaient rien d’autres que de merveilleux coussins multicolores fut un enchantement.
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Les gingkos, quant à eux, majestueux et à la silhouette résolument originale, commençaient seulement à bourgeonner.
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L’observation des pins (principalement thumbergii et densiflora) est très marquante. Comme l’attestent les photos, ils font preuve ici d’une vigueur impressionnante.
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 Ils sont les rois de ce jardin. Omniprésents, chacun de leurs moindres détails sont subtilement travaillés par la main de l’homme. Ils sont tous uniques, et constituent une belle source d’admiration et d’inspiration. J’aurais l’occasion d’y revenir en évoquant les jardins japonais de Tokyo.
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Bien sûr, je suis aussi passé à côté de nombreuses espèces qui m’étaient inconnues, mais ce jardin forme un ensemble développant une harmonie et une quiétude qui invitent à la contemplation et à la méditation.
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Je ne peux conclure cet article sur le jardin du palais impérial sans évoquer  la population (nombreuse) qui le fréquente. En dehors des touristes très nombreux et facilement reconnaissables, j’ai surtout observé énormément de japonais dans ce parc (ce qui est somme toute assez normal !). Il est vrai qu’il  a pour eux une évidente portée historique. Une des autres explications est que ma visite a eu lieu en plein milieu de la «  golden week », La semaine pendant laquelle la plupart des japonais sont en vacances. C’est donc une foule assez importante qui déambulait dans les allées du jardin. Petites familles, groupes de jeunes, couples, personnes âgées, peintres, dessinateurs, photographes (dont certains, faisant face à un parterre d’azalées en fleurs, campés à côté de leur appareil sur trépied, en gants blancs et imperturbables, attendant la meilleure lumière).
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Tout ce petit monde forme une foule très peu oppressante, et respectueuse : pas le moindre mégot ni papier au sol. Mais il faut aussi noter que les gardes veillent, j’en ai fait l’expérience. Ayant posé négligemment mon pull à quelques mètres de moi  pour prendre une photo, ce dernier s’est vu presque immédiatement brandi en l’air   avec exclamations  japonaises et  ensuite restitué avec sourires et excuses.
Mais surtout, tous ce monde est très attentif envers ce magnifique condensé du patrimoine naturel japonais. Chacun observe, photographie et discute de telle fleur ou telle forme d’arbre.
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Tout au long de mon voyage, c’est une impression qui me reviendra bien souvent : la contemplation et l’intérêt pour la nature sont des composantes incontournables de la culture japonaise. Une  composante qui peut s’exprimer même en plein cœur d’une des plus grandes villes du monde.