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Un furansu-jin au pays du soleil levant - Tokyo

Écrit par Louis-VB

Pour les voyageurs qui se rendent à Tokyo, c’est en général à l’aéroport de Narita que vous arriverez. C’est au petit matin que pour ma part j’ai découvert les premiers aspects du Japon.

Une immigration plutôt sérieuse et tatillonne, trois hommes d’âges mûrs, en gant blancs, qui réceptionnent les bagages et les positionnent correctement sur le tapis roulant, et les mêmes bagages presque systématiquement ouvertes à la douane. Pas de doute, je ne suis plus en Europe .

Une fois ces petites « épreuves » passées, il s’agit ensuite de rejoindre Tokyo, et plusieurs possibilités s’offrent alors à vous, qui dépendent de l’endroit où se trouve votre hôtel. 

Pour ma part, mon hôtel se trouvait dans le quartier d’Ueno qui est assez pratique pour les amateurs de bonsaï et présente plusieurs intérêts :

  • il permet de rejoindre facilement Omiya, grande banlieue au nord de Tokyo où se trouvent l’essentiel des grandes pépinières et jardins de bonsaï.
  • la Kokufu a lieu dans le parc d’Ueno qui est à quelques dizaines de mètres de la gare du même nom. Mais je crois que l’exposition va déménager l’année prochaine, provisoirement ou pas. Les personnes concernées se renseigneront.
  • il est assez facile de rejoindre d’autres quartiers de Tokyo de cette gare, qui même si elle est importante, reste de taille humaine comparée à celle de Shinjuku par exemple qui est un véritable casse tête à la première visite
  • on y trouve des hébergements abordables, et le quartier m’a paru plutôt calme voire très calme.

Bref, pour me rendre à Ueno, j’ai emprunté le Keisei skyliner. Keisei est une compagnie de trains différente de Japan Railway, donc si sauf vous êtes titulaire du « JR pass », c’est l’option la plus avantageuse pour rejoindre Ueno.

Au guichet, très facile à trouver, le préposé me montre le prix que j’ai à payer, m’indique sur quel quai le train m’attend, et compte devant moi la monnaie qu’il me rend, billet par billet, pièce par pièce. Ce « rendu de monnaie » consciencieux  se répétera de nombreuses fois pendant tout mon voyage…

N’étant pas vraiment pressé, je n’ai pas pris un express ce qui permet pouvoir contempler tranquillement mes premiers paysages japonais, Narita étant assez éloigné de Tokyo.

Effectivement, les paysages sont d’abord assez ruraux, avec des rizières, des petits bois de cryptomérias, et un habitat assez dispersé. Mais ça ne dure pas longtemps. Assez vite, les jardins rétrécissent, les agglomérations grossissent, les champs se font très rares puis inexistants.
C’est pendant ce trajet que j’ai vu mes premiers bonsaïs japonais en arrivant à la gare de Narita (la ville). Bien ordonnées, et occupant la totalité du jardin, je suis surpris de voir plusieurs collections durant ce trajet finalement relativement court.

En bateau vers Ueno

Plus on se rapproche de Tokyo, plus l’habitat est dense. Il n’est alors plus question de jardins, mais de minuscules balcons, eux aussi souvent envahis de plantes en pots.

Après une petite heure de trajet, me voilà à Ueno.

Ueno

Le check-in dans les hôtels japonais se fait souvent vers 15-16h et il est 9h quand j’arrive dans cette gare du nord est de Tokyo. Je décide  cependant d’aller y déposer mes valises. Il fait très beau, et assez chaud, un peu comme au mois de Juin à Paris, mais il y a de l’air. Mon téléphone portable est incapable de capter le moindre réseau. J’avais été prévenu que le système japonais étant complètement différent du nôtre, il n’est même pas utile d’acheter une carte, ça ne fonctionnera pas. J’en suis ravi ! Je me sens plus libre et laisse tous mes soucis présents et à venir en France.

A la recherche de l’hôtel, quatre personnes sont venues spontanément m’aider et me voyant complètement perdu (mon plan imprimé au préalable ne comportait que les rues principales, alors que ce quartier comporte surtout de toutes petites ruelles). Le système de numérotation des rues est complexe dès que l’on sort des grands boulevards. Même mes bons samaritains on eu parfois quelques difficultés à m’indiquer la bonne direction.

Ruelle vers Ueno

J’ai pu constater au cours de mes errances que le quartier est très calme, qu’il n’y a que peu de circulation de voiture, et que les rez-de-chaussée des immeubles sont très souvent bordés de pots de fleurs et de petits bonsaïs. Tokyo semble donc avoir plusieurs facettes !

Le manque de place

Une fois mes bagages posés à l’hôtel, je file au parc d’Ueno pour déjeuner au calme.

Méfiez-vous cependant de ces gros corbeaux noirs omniprésents dans tous les parcs de Tokyo. L’un d’eux ma volé un de mes sandwichs posé négligemment à côté de moi. Quand je m’en suis aperçu, il s’était envolé… Ce sera la seule chose que l’on m’aura volé pendant tout mon séjour !

Un corbeau voleur

On peut s’apercevoir aussi dans ce parc que même la deuxième économie du monde a ses déshérités. Les SDF, en majorité des hommes assez âgés, y sont très nombreux et j’y ai même vu une distribution de repas gratuits d’une assez grande ampleur.

Soupe populaire au parc de Ueno

Au début de l’après midi, alors que je commençais sérieusement à m’endormir à cause du décalage horaire, une petite dame d’une soixantaine d’années s’est assise à côté de moi et m’a proposé de partager son déjeuner. J’ai poliment décliné, n’ayant pas faim du tout, mais nous avons quand même  « discuté » pendant une bonne heure. Inutile de préciser que sans mon petit guide de conversation, cette discussion aurait vite tourné court. Avec peu de mots et beaucoup de curiosité mutuelle, ce fut vraiment un moment sympathique.

L’heure de se rendre à l’hôtel finit par sonner, et c’est comateux que je découvre ma « single room » qui ressemble à une cabine de bateau, en plus petit. Je m’en fous, car en dehors d’y dormir, je n’ai pas l’intention d’y passer beaucoup de temps.

Vue de mon hotel

Tokyo

Je ne suis pas resté très longtemps à Tokyo, mais le moins que je puisse en dire c’est que j’ai été vraiment surpris en bien par cette ville, et pourtant je suis loin d’être un urbain. Elle a de nombreuses facettes et attractions imprévues et les déplacements y sont facilités par un réseau de métro hyper efficace.

Il est d’ailleurs fortement conseillé de se munir d’un pass pour le métro (le « pasmo » pour moi mais il en existe d’autres équivalents). Les tarifs des tickets à l’unité sont assez complexes, et le pass, moyennant une caution récupérable de 500 yens, vous permet de payer seulement ce que vous utilisez en le rechargeant au fur et à mesure de vos trajets. La resquille est inenvisageable. Ne comptez pas faire d’économies sur ce plan là ! Les préposés présents à tous les portillons sont plutôt là pour vous aider, dans un anglais très , très rudimentaire le plus souvent, mais suffisant. Dans les couloirs, le flux humain est très ordonné, on n’est pas à Chatelêt-les Halles (les parisiens comprendront de quoi je parle) ! Aucunes bousculades, les gens attendent bien sagement l’arrivée de la rame, bien alignés devant la porte. Par contre, j’ai vérifié deux clichés bien connus : les employés de bureau dorment bien debout après leur journée de travail, et le remplissage aux heures de pointe est…. Je n’ai pas de mot pour décrire ça !… Un seul conseil : il vaut mieux éviter de prendre le métro dans ces moments là.

Pietons avant

Piétons après

J’ai visité plusieurs quartiers en dehors d’Ueno :

  • Shiodome qui donne sur la baie de Tokyo, avec son nouveau quartier ultra-moderne, le Shiba -koen (très joli jardin) et le parc Hama-rikyu (je suis revenu à Ueno en prenant un bateau qui remonte la rivière Sumidagawa. A faire, c’est fantastique !)
  • Shinjuku, la nuit, avec ses enseignes lumineuses, ses pachinko (salles de machines à sous ultra-bruyantes) et sa gare monstrueuse (plusieurs millions de personnes y passent tous les jours) . A voir, mais pas trop longtemps pour ce qui me concerne…
  • Marunouchi, le quartier central, avec des hotels et des restarants « high class » mais surtout le fabuleux parc du palais impérial. Je voulais y passer 2 heures, et j’y suis resté plus de 5 heures et l’ai quitté en restant sur ma faim. Je rédigerais un article uniquement à son sujet.

Shinjuku by night

Tokyo est une ville passionnante et contrastée. Comme pour tout le Japon, méfiez-vous des idées reçues et des clichés. Certes, mon séjour fut court et superficiel, mais j’ai été très surpris de trouver dans cette ville hyper active des havres de paix tels que ces magnifiques jardins de la période Edo (Hama-rikyu, Shiba-rikyu, Kiyosumi), ou ces petites ruelles très calmes dans lesquelles les habitants prennent plaisir à cultiver des plantes et des fleurs pour rendre les alentours plus bucoliques. Ou enfin ces temples, veritables îlots de tradition au milieu d’une urbanité ultra moderne.

Pour un français, l’impression d’ordre et de discipline saute aux yeux, même quand la foule est nombreuse, ce qui paraît utile tant la promiscuité et les flux sont denses.  Pas de problèmes d’insécurité non plus, vous pouvez vous balader avec votre appareil photo ou votre caméra sans la moindre inquiétude. Il est aussi peu probable  que l’on vous demande la moindre pièce  dans la rue ou dans le métro, et même dans le parc d’Ueno, où les victimes de la crise sont très nombreuses, il n'y a pas de mendiants.

Tokyo est donc certes  une ville bruyante et surpeuplée, mais elle n’est pas que ça, loin de là. Ce n’est pas la moindre des surprises, pourtant nombreuses, que le Japon a à nous offrir.

Je vous souhaite donc de faire de cette ville bien plus qu’une étape sur la route des bonsaïs.

Bonsaï que nous retrouverons à l’occasion du thème du prochain article : Omiya. Enfin !