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Nouvelle approche de la fertilisation

Écrit par Lolounette

Avant de parler à fond de fertilisation, voici quelques éléments essentiels pour vous permettre de bien fertiliser...

1) Observer nos arbres et les fertiliser seulement quant ils sont en croissance et en bonne santé (on ne fertilise pas un arbre malade, un arbre qui vient juste d'être rempoté, un arbre qui ne pousse pas, etc...)

2) Fertiliser peu mais souvent, en suivant le rythme de croissance de l'arbre.

Après le reste, c'est du peaufinage.
 Normalement c'est quant la plante est limitée en azote (ou phosphore) qu'elle accumule les sucres.
En effet : limitation nutritionnelle = diminution de la croissance = les sucres produits ne sont plus consommés mais accumulés dans les tissus.

Pour la résistance aux maladies: en limitation d'azote, la plante produit 10 fois plus de molécules protectrices lors de l'attaque d'un pathogène par rapport a une plante surfertilisée. C'est comme si son système immunitaire était renforcé. D'ailleurs n'avez vous pas remarqué que les fines herbes ont plus de goût quant on ne leur met pas trop d'engrais ? C'est que les molécules qui parfument nos petits plats sont a la base fabriquées pour protéger la plante, donc plus on la fertilise, moins elle est odorante. 
Enfin il faut gérer la fertilisation de nos plantes avec doigté ... ni trop, ni trop peu, là est le secret !

Parmi les paramètres de culture, les engrais c'est ce qui vient en dernier, après la bonne température, le bon éclairage, la bonne hygrométrie, un substrat bien aéré etc...

Je vous dis pas que ça n'a aucune importance les engrais ! Ça en a, mais pas une tant qu'on le pense !
Un arbre qui a trop froid ou trop chaud ou qui n'a pas de bonnes racines n'absorbe de toute façon pas bien son engrais. Donc il faut soigner les conditions de culture avant tout. N'oubliez pas que l'arbre fait lui même sa nourriture (sucres) en utilisant la lumière et le CO2 de l'air... L'engrais lui ne sert que de vitamines pour la formation de nouveaux tissus (c'est très schématisé, mais c'est pour comprendre l'idée).

Les besoins en azote (et de tous les autres nutriments) d'une plante dépendent: de son âge, de la luminosité, de la température, de l'espèce, de l'individu, etc.... on aura beau faire, on ne peut s'adapter à ces besoins changeants au niveau de notre apport d'engrais. Mais on a pas besoin de le faire, car les plantes se sont adaptées pour faire avec ce qu'elles ont.
Pour tous les nutriments sauf l'azote ce qu'on peut faire c'est les mettre en libre service : je te donne un peu de tout en excès à chaque arrosage et toi tu prends ce dont tu as besoin... Pour l'azote, c'est un peu plus compliqué puisque c'est lui qui nous permet de contrôler la croissance. On essaie de ne pas trop en donner pour ne pas avoir un obèse malade (grosses feuilles, tiges molles, etc.), mais si on en met pas assez on risque de ne pas utiliser a 100% le potentiel de croissance de la plante... Il faut trouver l'équilibre entre trop et trop peu et c'est ça le plus difficile.
Normalement on suit le rythme de croissance de la plante pour ajuster l'apport d'azote. Ca se fait tout naturellement si on fertilise tres peu mais a chaque arrosage: quant la plante est en croissance, elle bois plus, donc on arrose plus, donc elle reçoit plus d'azote pour soutenir la croissance. Inversement en automne/ hiver, la plante a moins soif donc on arrose moins souvent donc elle reçoit moins d'azote. De même, en été quant il fait tres chaud, les plantes arrêtent de pousser car elles ont trop chaud, donc on réduit la fertilisation (Par contre il faut maintenir une hygrométrie élevée pour ne pas que la plante se dessèche ce qui est loin d'être évident). Il suffit de ne pas varier la dose mais de plutôt jouer sur la fréquence de la fertilisation.

Il est vrai que le Phosphore inorganique est normalement peu soluble dans les sols conventionnels, mais si on utilise des engrais chimiques et un substrat non nutritif (ex akadama), ce n'est pas le cas (sauf si le pH du substrat devient trop acide). 

La composition moyenne d'une plantes en NPK est en gros (ça dépend des plantes et des conditions de culture mais c'est pour donner un ordre de grandeur): 1.5 - 0.2 - 0.92 ....
Si on ramène le premier chiffre à 5, ça donnerait un engrais 5 - 0.6 - 3. Or il est rare de trouver dans le commerce des engrais chimiques aussi peu dosés en phosphore. En conséquence les plantes fertilisées avec des engrais chimiques sont limitées en azote et non pas en phosphate. Dans leur cas donc, sur-fertiliser encore plus en Phosphate est complètement inutile. 

Dans le cas d'un engrais organique, tout dépend de sa composition. La poudre d'os a une composition en NPK de 1-11-0, même si tout le P n'est pas immédiatement utilisable par l'arbre, on peut tout de même en conclure que l'arbre aura plus que sa dose de P.
Le vermicompost lui a une composition approximative de 3 - 1.1 - 1.5, donc relativement plus équilibrée mais encore "trop" riche en P (surtout que  le phosphore organique est plus bio-disponible).
C'est pour cette raison que 99.99 % des plantes cultivées (engraissées) sont limitées en N. La loi de Liebig nous dit qu'il y a toujours un élément limitant dans l'engrais, même si on sur-fertilise la plante (voir l'exemple du tonneau plus bas  : il y a toujours une planche plus courte). C'est normal et il vaut mieux que nos arbres soient limités en N et pas en P, ils seront alors plus forts face aux pathogènes et auront des feuilles plus petites. Sauf que pour un arbre limité en N, l'ajout de phosphore supplémentaire n'a aucune utilité (Ceci étant dit, si vous le faite votre arbre ne va pas en mourir).
Nos plantes sont limitée en azote, ça veut dire que c'est en jouant sur la concentration en azote qu'on en fait ce qu'on veut : si on veut stimuler la pousse on force sur l'azote, si on veut ralentir la pousse (et donc favoriser l'accumulation de réserves pour l'hiver) on diminue l'azote...

Il y a plusieurs moyens de faire ça, pour diminuer l'azote à l'automne et ainsi renforcer l'arbre pour l'hiver on peut:
- Soit diminuer le dosage de l'engrais à l'automne (ex, on utilisait du 5-5-5 à 1g/l et on divise la dose par 3).
- Soit utiliser un engrais faiblement dosé en azote (0-10-10 ou 5-10-10)...
Les 2 stratégies se valent en ce qui concerne le résultat : croissance ralentie et accumulation du sucre en réserve... perso je préfère la 1ere parce qu'elle m'évite d'avoir à acheter un 2eme flacon d'engrais et évite de surcharger le substrat avec des sels qui ne seront pas forcement absorbés...

Donc utilisez du 5-10-10 à l'automne si vous voulez, mais soyez bien conscients que ce n'est pas le niveau plus important en Phosphore qui va préparer l'arbre pour l'hiver, mais bien la concentration plus basse en azote.
Printemps + été : 10-10-10 à 1/l = 100 mg/l d'azote -------> automne 5-10-10 à 1/l = 50 mg/l d'azote donc croissance 2 fois moins rapide et 50 % du sucre que la plante fabrique va en réserve (je schématise). Avec du 0-10-10 la croissance est totalement stoppée et 100 % du sucre que la plante fabrique va en réserve (la plante n'a pas besoin d'azote pour fabriquer des sucres à moyen terme).

Quant au problème de la surfertilisation :

Pour visualiser ça, on peut imaginer un tonneau coupé. Supposons que chaque planche du tonneau représente la concentration en un element nutritif dans le sol, et que plus l'élément est présent, plus la planche est haute. Supposons aussi qu'on remplit le demi-tonneau d'eau à l'aide d'un tuyau d'arrosage et que le niveau d'eau dans le tonneau représente la vitesse de croissance de la plante.
Si la planche qui représente l'azote est plus basse que les autres (car l'azote est l'élément limitant dans notre sol), le tonneau ne se remplira qu'à hauteur de cette planche, c'est à dire que la plante ne pousse qu'a la vitesse de notre apport en azote. Si on ajoute plus d'azote, elle pousse plus, si on apporte moins d'azote elle pousse moins.
Maintenant si on change d'engrais pour un autre qui est plus riche en phosphore (on utilisait du 5-5-5 et on passe à du 5-10-5 par exemple), tout ce qu'on fait c'est augmenter la hauteur de la planche qui correspond au phosphore, mais ça ne sert a rien car la hauteur d'eau dans le seau dépend encore de la hauteur de la planche de l'azote (la plus basse). Donc aucune influence sur la croissance de la plante...

sur-fertilisation

Tout ça pour dire que rajouter du phosphore a une plante qui est limitée en azote ne sert a rien... ça ne provoquera pas la pousse des racines, ça ne provoquera rien du tout (àpart un risque de brûlure des racines et de pollution de la nappe phréatique). Par contre limiter l'apport global en engrais lors d'une période précise (par ex. on ne met plus d'engrais du tout, ou on utilisait 5 ml par litre d'engrais et on passe à 2 ml par litre, ou encore on utilisait du 5-5-5 et on passe à du 2-5-5) diminue l'apport en azote et donc limite la croissance des parties aériennes de notre arbre.
Cette limitation provoque la stimulation de la pousse racinaire (réaction physiologique: la plante cherche sa "nourriture" plus loin) et stimule également les mécanismes de défense contre les pathogènes (on en revient a mon sujet de doctorat, c'est juste que les producteurs d'engrais véhiculent des notions qui sont fausses pour nous vendre 2 bouteilles au lieu d'une... et ça m'agace !)


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