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Un furansu-jin au Japon - Le musée d'Omiya

Écrit par Louis-VB

Tous les amateurs de bonsai connaissent ces quelques syllabes. Ce nom magique évoque bien des images à nos yeux d’amateurs passionnés par cet art. C’est effectivement dans cette grande banlieue au nord de Tokyo que se trouvent les jardins et les pépinières de quelques-uns des maitres japonais les plus connus. Le but de cet article n’est pas de vous présenter les différents jardins et pépinières d’Omiya, mais de vous expliquer comment j’ai organisé et vecu ma visite de cet endroit devenu presque mythique.

Histoire et Geographie

Omiya, la ville, se trouve dans la préfecture de Saïtama, à moins d'une heure de train, au nord de Tokyo. Autour de la gare principale, très importante, se trouve le centre ville, avec ses hotels, restaurants, bars, commerces en tous genres et les inévitables et bruyants pachinko et, dès la sortie de la gare de très nombreux jeunes distibuant des prospectus.

Un peu pus au nord du centre, et si vous voulez retrouver un peu de quiétude, se trouve un immense parc, avec un sanctuaire magnifique et imposant : le Musashi Ichi-no-miya Hikawa shrine (shrine = sanctuaire en anglais), un lac, et le chemin pour se rendre à pied au village du bonsai (le bonsai-cho).


C’est donc juste au nord de ce parc que se trouve le bonsai-cho, dans lequel se sont établies en 1925 les grandes pépinières de Tokyo après le tremblement de terre qui à ravagé la région en 1923. Pourquoi cet endroit ?  Moins sujet au tremblements de terre, ce village profitait en plus d’un climat et d’une eau propice à la culture des bonsai. Plus d’une trentaine de pépinières se partageaient les différents emplacements à la grande époque.

Aujourd’hui, une petite dizaine continuent d’exister, dont entre autres les célèbres Mansei-en, de feu Saburo Kato, Kyuka-en d’Isamu Murata, Fujo-en, de feu Motosuke Hamano (où ont étudiés Masahiko Kimura, et Shinji Suzuki, entre beaucoup d'autres) et Seiko-en de Tomio Yamada.
Depuis la fin mars, on peut aussi visiter un musée du bonsai qui expose les arbres célèbres d’un grand collectionneur aujourd’hui décédé : Reiji Takagi.


Omiya ne vous offre donc pas uniquement la possibilité d’admirer des bonsai parmi les plus beaux du monde, mais aussi de séjourner dans une ville où vivent vraiment les japonais qui partent travailler le matin vers Tokyo. Donc loin des cartes postales et des visions idylliques du pays.

Transport, hébergements

Si vous discutez avec un habitant de Tokyo qui ne connaît rien au bonsai, et lui dites que vous envisagez de vous rendre à Omiya, il y a de grandes chances pour qu’il vous regarde avec étonnement. Il vous demandera peut être si vous êtes un fan de John Lennon. En effet, au Japon, en dehors d’être une des immenses banlieues dortoir de Tokyo, Omiya est surtout connue pour son musée consacré à John Lennon. Cette ville n’est donc pas considérée forcément comme un haut lieu du tourisme.

Autant vous dire donc que les guides touristiques n’évoquent pas vraiment Omiya et vous seront donc d’un faible secours pour y séjourner.
Il faut donc se débrouiller seul.  J’ai pour cela utilisé utilisé principalement les liens suivants, glanés sur la toile :

http://www.scvb.or.jp/e/index.html
http://www.bonsai-in-asia.com/

Très utiles, non seulement pour s’orienter, et pour se loger, mais aussi pour connaître les autres attractions de la ville.

Si vous consultez les différentes cartes, vous noterez que le bonsai-cho ne se trouve pas à proximité de la gare principale. La gare la plus proche des pépinières est celle d’Omiya-koen (sur la ligne Tobu-noda).

De la gare d’Ueno, j’ai emprunté la ligne JR, qui, après une petite dizaine de stations, m’a déposé à la gare principale d'Omiya, assez imposante (Dans le hall de la gare, si vous levez les yeux, il y a une petite surprise qui vous mettra dans l'ambiance. Je ne vous en dit pas plus, vous verrez!), et à proximité de laquelle se trouvait mon « business hotel ». J’ai choisi ce type d’hébergement et cette localisation pour la bonne et simple raison que je n’en ai pas trouvé d’autres qui me permettaient de réserver depuis l’Europe en anglais.  J’ai donc choisi un hotel près de la gare principale, à un tarif correct mais sans plus, mais de bonne qualité. Après Tokyo, vous risquez de croiser beaucoup moins de touristes occidentaux dans ce contexte. Ce sera alors le moment d’observer comment vivent vraiment les japonais des grandes villes en vous promenant le long de ces larges avenues ou en faisant vos courses.



Le « bonsai-cho », enfin !

Il faut une demi heure à pied du centre ville pour rejoindre le bonsai-cho,  en traversant le parc. C’est une agréable promenade, qui permet de voir, entre autres, de nombreuses famillles amenant leurs nouveaux-nés se faire bénir au sanctuaire, et ce toujours très bien habillés à n'importe quel moment de la journée!


Après le parc, il faut traverser la voie ferrée à proximité de la gare d'Omiya koen, et on entre enfin dans le quartier residentiel dans lequel se trouvent les pepinières. Ce quartier n'est pas très grand et l'orientation est assez facile, le long des 3 ou 4 rues principales. Il y a très peu de circulation, même si l'habitat est bien dense comparativement aux standarts européens. Quelques panneaux en bois bdisséminés dans différentes rues, à la fois jolis et pratiques, vous aideront à trouver les différents objets de votre venue ici.


Beaucoup de choses ont été écrites sur ces différents jardins. Il est difficile pour moi de trouver quelque chose d'original à rajouter. 

J'ai toujours eu cette impression d'être dans un musée, avec des oeuvres d'art partout, mais pas uniquement. On peut trouver de tout, et même des plants à travailler.  Je n'ai pas pris énormément de photos, voulant respecter les interdictions qui sont affichées à l'entrée de certains établissements. Je n'ai aussi que vaguement regardé les prix des très beaux arbres, car je ne me sentais pas vraiment concerné... Bien sûr, ce qui est très beau est très cher, mais tout est relatif, tant ce que l'on voit ici n'existe pas ailleurs. J'ai aussi été étonné par l'infinie liberté et créativité des bonsaika japonais. Le stéréotype qui consiste à laisser croire que le bonsai japonais est un peu engoncé dans les règles qu'il a lui même crée est tout simplement faux. Et quelle variété dans les espèces cultivées, et encore plus dans la créativité exprimée par les arbres. Evidemment, dans les pépinières, qui ont quand même une vocation commerciale, vous verrez aussi des arbres de moindre valeurs, il en faut pour tous les budgets.



Mais si par contre, vous ne voulez voir que des chefs d'oeuvre, allez alors visiter le musée du bonsai.

Le musée du bonsai

Ouvert récemment, un petit peu à l'écart des grands jardins mais facile à trouver en suivant les indications, le musée d’Omiya possède une belle collection d’arbres de toute beauté.

Après avoir payé son entréeà un personnel aimable et attentionné, on entre dans un couloir qui explique les tenants et les aboutissants de notre art favori, en version anglaise pour ceux qui ne lisent pas le japonais.

C’est en sortant de ce couloir qu’on découvre un très beau jardin dans lequel sont exposés des arbres fabuleux.

Le musée et son parking

Même si l’appareil vous démange devant chacun des arbres, les photos sont malheureusement interdites. On peut cependant se rattraper en visitant le site internet du musée dans lequel on trouve la plupart des arbres en photo :

http://www.bonsai-art-museum.jp/english/index.php

En ce mois de mai, le public était assez nombreux et en moyenne, plutôt âgé. Et comme toujours au Japon, très respectueux des interdictions, bien discipliné et silencieux.

Pour sa facilité d’accès et son très grand intérêt, je conseille plus que vivement sa visite .

Conclusions

J'ai beaucoup apprécié mon séjour à Omiya. Pour l'aspect "bonsai", qui est inoubliable, mais aussi parce ce séjour m'a vraiment donné l'occasion de voir les japonais citadins chez eux. J'ai été très impressionné par ces cohortes d'employés qui partaient vers la gare le matin, dans un flux unidirectionnel, bien ordonné et silencieux. J'ai été étonné par la gentillesse des employés du cyber-café dans lequel je me rendais tous les soirs pour ecrire à mon épouse, lorsqu'ils m'ont rendu en rigolant mon portable (qui me servait d'horloge) que j'avais oublié trois heures avant devant l'ordinateur. Et ces balades dans l' allée en face du tori du sanctuaire du parc, dans les douces températures du matin avant d'aller arpenter le bonsai-cho. Je n'ai aucuns mauvais souvenirs à Omiya, même si je ne m'attendais pas à trouver un tel endroit.

Alors Omiya, c'est le bonsai, bien sûr, mais pas que!