On s'est tous entendus là dessus, c'est un arbre très puissant, un concentré d'énergie : très massif, avec un tronc néanmoins replié sur lui-même comme un ressort.
Les bois morts occupent une grande place sur ce tronc, en particulier sur sa partie gauche. La vie se concentre sur une large veine à droite, à l'intérieur de l'arbre.
Une végétation près du tronc, un "casque" avec des décochements, comme le dit Scitronc, qui masque les départs de branches, mais qui permet quand même d'apprécier les 2 premiers tiers du tronc. Le volume de la végétation est preque inférieur à celui du tronc, ce qui donne à ce dernier une grande puissance.
Evidemment, le long ten-jin est ici un point focal essentiel de l'arbre. Si la direction générale de l'arbre est vers la droite, le jin s'élève vers la droite, pour enfin changer de direction et retourner vers la gauche. A moins qu'il faille le lire de haut en bas, et non de bas en haut : comme un éclair blanc qui zèbre le ciel, et s'abat sur l'arbre. En témoignent les nombreux bois mort, autant de traces de ce foudroiement, auquel l'arbre a su survivre.
Le rapport arbre-pot est aussi très intéressant. Au premier abord, il semble y avoir un contraste entre la texture très craquelée de l'écorce, la profusion de bois morts, et la surface lisse du pot. Mais sa couleur chaude est profonde, très "terrienne". Le pot a en effet des dimensions particulières : très peu large, il est en revanche profond. Le nebari de l'arbre permet une telle profondeur. Les rayures au bas du pot tentent de minimiser l'effet de profondeur. Mais celle-ci a peut-être été rendu nécessaire par un racinaire profond, une matte difficile à raccourcir...
La "tablette" nous saute à la figure. Délibérément novatrice, cette structure en métal déchiqueté témoigne encore de la puissance de l'explosion, ultime effet de la foudre qui a traversé l'arbre. Si la puissance de l'éclair a fait exploser le métal, l'arbre a survécu. Belle allégorie de la longévité de l'olivier.
Encore une fois, on dirait qu'une présentation nécessairement immobile trouve le moyen de raconter une histoire. Comme dans ces retables de la fin du Moyen-Âge : les différentes figures peintes les unes à côté des autres témoignent des différents moments du même récit. C'est ce que retrouvera la bande-dessinée.
Ici, nous voyons tout ensemble l'éclair, l'explosion du métal, les bois morts foudroyés, et la végétation qui repousse sur les parties de l'arbre qui ont résisté. Ces différents moments d'une même histoire se montrent les uns à côte des autres. C'est l'oeil du spectateur, qui, passant d'un élément de la composition à l'autre, recompose la temporalité du récit...