salut, je remonte ce post pour faire un copié-collé du blog de Sébastien Joub, qui va faire des stages au Japon à la pépinière de Nobuichi et Taiga Urushibata, située à Shizuoka. C'est un compte rendu de son stage sur le mekiri et la taille des aiguilles des pins noirs et rouge, écrit en février 2017, tellement précis et clair, avec photos, que ça vaut le coup de montrer ça : C/C de ce lien avec photos -> https://bonsaiaujapon.wordpress.com/201 … et-rouges/
La taille des aiguilles des pins noirs et rouges
Les techniques exposées dans cet article sont celles utilisées au Japon, dans des conditions climatiques très spécifiques. Les étés sont chauds et humides. Ainsi, les plantes connaissent un développement bien plus important que sous nos latitudes. En observant leur croissance, j’ai estimé que cela équivalait à 2 ou 3 saisons de pousse en Europe. Cela signifie schématiquement qu’on va pouvoir tailler un feuillu jusqu’à deux ou trois fois au Japon, alors que le même arbre ne serait taillé qu’une fois sur la même période en Europe.
Pour un pin, on ne va pas tailler plusieurs fois dans la saison, mais on aura des réactions très fortes suite aux travaux effectués, et donc nécessité de sélectionner les nouveaux bourgeons émis, et d’éclaircir d’avantage les aiguilles.
Pour être utilisées en Europe, ces techniques doivent être adaptées à nos climats, et certaines opérations sont à employer avec précaution (je pense à la taille des bourgeons des pins blancs, j’y reviendrai).
Les travaux effectués sur les pins en été sont principalement: la taille des pousses de l’année, et la sélection des aiguilles. A cela s’ajoute parfois la mise en forme de l’arbre, avec sélection des grosses branches, et ligaturage.
Pour commencer, je vais détailler les techniques utilisées sur les pins noirs et les pins rouges.
On laisse ces bonsais développer leurs bourgeons largement après le printemps, avant de les couper. Au moment où j’arrive à la pépinière, le 10 juillet (2016), les plus gros arbres (30cm de hauteur et plus) ont déjà été taillés. Certaines de ces plantes ont déjà émis de nouveaux bourgeons, ce qui laisse supposer que leur taille remonte à plusieurs semaines.
On attend juillet pour tailler les arbres les plus petits, ainsi ils auront moins de temps que les gros pour développer leurs aiguilles avant la période de repos. Celles ci auront donc des dimensions plus en rapport avec les proportions de l’arbre.
Concrètement, on va tailler les pousses à ras pour faire naître de nouveaux bourgeons, et permettre une ramification plus importante. On va aussi procéder à la sélection des aiguilles en les retirant avec une grosse pince à épiler. Cela va apporter plus de lumière à l’intérieur de l’arbre et favoriser le développement des rameaux internes, plus faibles, car recevant moins de lumière. Cela permettra aussi de stimuler l’apparition des nouveaux bourgeons à l’intérieur de la ramure, en plus de ceux qui vont apparaître automatiquement aux extrémités taillées.
Sur tous les pins noirs et rouges, on taille la totalité des pousses de l’année. Sauf si l’arbre est trop faible, ou si on souhaite qu’une partie de la plante se développe davantage.
Pour la sélection des aiguilles, c’est au cas par cas. Sur des arbres très vigoureux, on va retirer toutes les aiguilles des années passées, et ne laisser que 3 ou 4 paires d’aiguilles de l’année par rameaux. Sur des bonsais faibles, ou anciens, dont la pousse est lente, on va se contenter de retirer seulement quelques vieilles aiguilles.
Entre ces deux cas extrêmes, il y a un tas de possibilités en fonction de ce que nous « dit » l’arbre. Sa santé, le niveau esthétique atteint, sont les critères qui vont guider notre choix de désaiguiller plus ou moins, …. ou pas du tout: en règle générale, tous les 4 ou 5 ans, les bonsais sont laissés au repos.
Sur des arbres précieux, Oyakatta nous demandait de commencer par une sélection légère des aiguilles, puis il prenait la main pour décider lui-même jusqu’où aller dans l’opération, ou bien il nous laissait faire, mais revenait à intervalles réguliers pour nous dire jusqu’où aller.
On peut aussi contrôler la vigueur d’une branche en réduisant la longueur des aiguilles par la taille. Cela peut aussi avoir un but esthétique, si l’on veut donner à toutes les aiguilles la même dimension. Avec le petit inconvénient de laisser une trace brune à l’endroit de la coupe.
Quelques semaines après avoir taillé les pousses de l’année, de nouveaux bourgeons apparaissent, principalement au niveau de la coupe. On ne laisse que deux ou trois bourgeons par rameau en gardant les mieux placés. L’opération se fait à la grosse pince à épiler. En faisant cette sélection, il faut penser à la future mise en forme de la branche: le dessous des plateaux doit être bien plat, donc il faut retirer en priorité les bourgeons situés sous la branche.
Quand les bourgeons repoussent, ils sont souvent nombreux et vigoureux. Cela s’explique par le climat et la fertilisation soutenue : Engrais organique (NPK: 4-2-1) sous forme de boulettes, renouvelé pendant toute la saison de croissance, même pendant l’été. Pendant cette période, on arrose en général deux fois par jour, donc il n’y a pas de risques de voir les racines brûler à cause d’un excès d’engrais. En plus, le dosage de l’engrais n’est pas trop élevé.
Voilà ce que j’ai pu saisir du travail réalisé en été sur les pins noirs et rouges. On peut appliquer ces techniques en Europe sur les mêmes espèces, et sur d’autres, en les adaptant à nos conditions de climat, de culture, et à la vitalité de nos arbres. Par exemple, les pins sylvestres réagissent généralement bien à ce type de travail, s’ils sont vigoureux. Par précaution, ici en France, je ne taille jamais les pousses de l’année après la fin du mois de juin, pour laisser le temps aux nouvelles aiguilles de se développer.