Le prélèvement
Le prélèvement est l'une des méthodes pour obtenir des arbres intéressants pour le futur. Il est illusoire de penser qu'un yamadori deviendra aussitôt un bonsai. De même qu'un plant de pépinière, il lui faudra de 6 à 10 ans pour qu'il devienne présentable, quelque soit sa beauté trouvée, avec le risque qu'il meure lors des mois suivants. Quelques règles de base s'imposeront, et c'est cela que je vous donne.
Non que je détienne la science infuse,et la bonne méthodologie, mais celle-ci a fait ses preuves depuis une quinzaine d'années avec un taux d'échec très faible. Elle est l'amalgame du savoir de quelques préleveurs qui l'ont améliorés au fil des années.
A noter que le prélèvement est strictement interdit en France. Si vous le faites, c'est toujours avec l'autorisation des propriétaires des lieux;si vous passés outre, il risque de vous en coûter une très forte amende (environ 800 €) et le risque de prison.
Voilà le sujet : il s'agit d'un pin sylvestre, sa hauteur est de 30 cms, son nébari de 11 cms. Après quelques heures de fouille (il était 16 h, plein soleil), je découvris ce petit sujet;Au premier coup d'oeil, j'ai su qu'il était prélevable. J'en avais vu 200-300 dans la journée, et celui-là était le bon. Qu'est-ce qui me fait dire cela ?
Vu de dessus, l'explication est simple (enfin pour moi). Observez ! Le tronc se divise en deux branches principales, l'un des côtés est mort, l'autre très vivante (photo précédente). Ce qui veut dire que sa ligne de vie est partie sur un côté pour ensuite revenir sur l'autre, n'ayant pas trouvé les ressources nécéssaires. Hors sur le côté gauche (branche vivante), la roche fait une remontée, ce qui signifiera que les racines ont une obstacle naturel.
Reste à savoir s'il n'y a pas une racine plongeante. J'utilise à cet effet un petit levier que je glisse sous les "fesses" du monsieur. Une petite traction, et ça décolle, voilà la très bonne nouvelle du jour. Ce sera le bonheur !
Le travail peut enfin commencé. La première chose à faire est le cerclage du sujet, afin d'y repérer toutes les racines. J'utilise ma pioche, côté pointu, un crochet de docker est très bien aussi. A gauche, il y a la roche, pas de souci, de même que derrière, et devant le vide. Reste la partie droite qui représente un tiers du cercle.
Je racle doucement sur deux-trois centimètres la première fois, et en m'enfonçant ensuite. Là, je bute à 5-6 cms de profondeur sur des racines concentrées sur 10 cms. La ligne de vie a suivi exactement l'axe de la première branche morte.
La méthode est désormais simple. Décoller la motte pour la conserver la plus entière possible. J'utilise à cet effet une décolleuse (petite spatule de 4-5 cms de large), et je glisse sous la motte côté gauche ou est le rocher. Un bruit de succion accompagne souvent ce décollage.
Une fois démarré, ce sujet est sorti en 10 minutes, tellement facilement qu'il s'est décollé, comme une crêpe. Les racines à l'opposé du démarrage faisit demi-tour. En aucune manière, il faut tirer sur l'arbre, il faut prendre délicatement le pin de racines et soulever par desssous (c'est physique).
J'ai eu un arbre facile à prendre,sa motte doit faire dans les 30 kilos, elle est entière,et je n'ai cassé aucune racine.
voilà l'opération que je juge la plus importante : l'emmaillotage. Nous utilisons du petit grillage; celui-ci permet de maintenir la motte fermement, et évites tous désagrégements. Les racines ne sont donc pas cassées dans le transport.
La sphaigne ou mousse va tapisser le fond, les côtés, le dessus pour y maintenir une bonne humidité. Souvent, elle est mycorhizée, ce qui ne peut lui être que bénéfique.
L'arbre est posé dessus, en le prenant toujours par le dessous de la motte.
La sphaigne est déposée pour qu'elle recouvre chaque parcelle ; le grillage se referme dessus.
Très important : le ficellage de l'ensemble pour assurer le transport dans de bonnes conditions. Nous étions en période très chaude, ne pas hésiter à arroser la motte et le feuillage.
Nous sommes à la maison ; c'est le démaillottage, la motte n'a pas bougé d'un centimètre.
Ah, oui, j'oubliais. En règle générale des herbes, des arbustres, des petits buis ou génévriers accompagnent l'arbre. Il est très important de ne pas les enlever lors du prélévement ; ils permettent la bonne stabilité de l'ensemble. Rien ne vous empêche de les tailler très court, mais laissez-les.
Recherchons le pot de culture ou la caisse correspondante, et hop, transvasement dedans.
Je tapisse le fond du pot de roche drainante (zéolithe pour moi). J'amarre bien l'ensemble (très important), je comble les trous avec de la zéolithe, je remets de la sphaigne et le grillage pour les merles.
Voilà, le résultat. Maintenant, il va rester trois ans dans ces conditions.
Si je l'avais prélevé une semaine auparavant, ses chances de survie auraient été de 100%. Là, les bourgeons étaient sur le point de sortir, ce qui diminuent les chances, je dirais 70%. Mais je reste très optimiste, car son prélevement fut parfait. Vous aurez de ses nouvelles à l'automne
Rien n'est jamais facile dans un prélèvement, c'est pour cela que je vous invite à suivre les conseils des plus mûrs que vous,dans ce domaine. C'est pour cela que je vous ai montré une des solutions de prélèvements.
Prélever pour posséder ne sert à rien. Ce n'est ni un jeu de massacre, ni un concours ou il faut posséder le plus gros,le plus beau, pour se glorifier. Il est donner à n'importe quel abruti d'en prélever 10, mais si c'est pour n'en conserver qu'un au final (les autres sont morts), cela ne sert à rien.
En espérant vous avoir apporté quelques sages conseils.