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Création d'une forêt d'érables 'Palmatum'

Écrit par Christophe Durandeau

Après avoir étudié l’esthétique des forêts en bonsaï, nous allons essayer de mettre ces grands principes en application. Ce fût l‘objet d’un cours avec Jacques Marty, et l’occasion de se rendre compte qu’il s’agit pas d’un exercice si facile…

Choix et préparation des arbres

Les amateurs ont tendance à croire que l’on peut construire une forêt avec tous les rebuts qui occupent nos étagères. Même si les qualités individuelles des arbres sont moins importantes que pour un bonsaï d’arbre solitaire, une belle forêt se construit avec des arbres ayant certaines qualités essentielles :

  • Tous les arbres doivent être de la même espèce et variété. Il sera en effet très difficile d'intervenir sur une forêt dont les arbres n'auront pas les mêmes exigences au niveau de l'entretien courant (arrosage, taille, fertilisation, rempotage…). De plus l’espèce influence directement la forme, la silhouette de la forêt.
  • Les arbres doivent avoir des branches et un début de ramification. On ne construit pas une forêt avec des crayons. Pourquoi ? Parce qu’une fois la forêt constituée, des bourgeons ne vont pas forcément apparaitre où l’on veut, nous ne contrôlerons pas l’endroit où naitrons les futurs branches.
  • Le racinaire des arbres doit être plat et étalé : il sera impossible de placer correctement les arbres avec de grosses racines plongeantes. Au besoin, préparez les arbres quelques années à l’avance, dans des pots individuels. Si de grosses racines doivent être coupées, il est préférable de le faire pendant les années de préparation. Si l’arbre doit en mourir, il vaut mieux que ce soit en pot de culture que dans la forêt, quand il est bien positionné par rapport aux autres, et où son remplacement sera difficile.
  • Les arbres doivent avoir la même forme générale. On ne mélange pas des arbres rigoureusement droits avec des arbres tordus.

Voici les arbres qui seront utilisés. Des érables ‘Palmatum’, issus de boutures, provenance Jacques Marty. Ces arbres ont toujours été cultivés en pot, le racinaire régulièrement travaillé, et il y a un début de ramification sur chaque arbre. Il y en a des grands et des petits, il y a de double et triple troncs. Si 2 ou 3 arbres se retrouvent ainsi accolés, cela procure un effet esthétique intéressant. Ce lot d’arbres est donc particulièrement adapté pour faire une forêt, qui donnera rapidement un résultat intéressant.

Préparation du pot

La forêt sera plantée dans une poterie plate, ovale ou rectangulaire (à réserver aux grandes forêts). Placez des grilles de drainage et posez les fils d’arrimage qui nous serviront à faire tenir les arbres. 

Pour ancrer les fils d’amarrage, il suffit de passer des fils longitudinaux par les différents trous du pot. Ces fils serviront de point d’ancrage pour les fils de fixation supplémentaires. Ne pas lésiner sur le nombre de fils, car au début les arbres ne seront pas très stables.

Voici la poterie qui sera utilisée ; sa forme est bonne mais pour une forêt de feuillus une poterie vernissée aurait été préférable mais c’est la seule que j’avais.  Elle devra être changée lorsque la forêt sera exposée, mais en attendant c’est une bonne poterie de culture.





Pour planter la forêt, vous pouvez aussi utiliser une lauze. Choisissez là très plate et de forme irrégulière, idéalement en forme de haricot. Il peut aussi être nécessaire de vérifier le drainage. Verser de l’eau sur la lauze, vérifiez si de l’eau stagne par endroits. Percez alors des trous de drainage avec une perceuse et un foret adapté.

La fixation des fils d’amarrage est plus compliquée sur une lauze, surtout s’il n’y a peu de trous de drainage. Vous pouvez alors utiliser une colle « spéciale roche » afin de coller les fils d’amarrage.

Façonnez un cordon de keto tout autour de la lauze afin de retenir le substrat. Recouvrez le de mousse afin qu’il ne se dessèche, se craquelle et se casse.

Préparation des arbres

Les arbres sont sortis de leur pot de culture, le pain racinaire est très fourni. Beaucoup de racines, près du tronc. Plus de grosses racines, on peut vraiment tailler sévèrement sans aucun danger pour l’arbre.



Comparez la taille du pain racinaire avant et après. Les racines sous le nebari ont été taillées, la motte est plate. L’arbre tient debout !

Mise en place des arbres

Nous avons vu que l’implantation des arbres est la partie la plus délicate. Prenez votre temps pour essayer plusieurs possibilités. Faites des essais à blanc, en plaçant les arbres directement dans le pot, sans substrat.

La première chose à faire est de placer l’arbre principal de la forêt. C’est le plus haut, le plus gros, il doit toujours être bien visible. Cet arbre sera placé en position excentrée dans le pot (pas en plein au milieu !).  Placez ensuite l’arbre principal des autres groupes. Continuez en positionnant les arbres restants en fonction de ces arbres principaux. Toujours selon les règles, qui rappelons-les, interdisent les alignements, préconisent la formation de groupes, créent des points d'intérêts et favorisent les effets de perspective.

Les arbres paraissent toujours plus rapprochés quand ils sont les racines à l’air. Vous allez vite vous rendre compte que vos arbres ne logeront pas tous, et qu’il faut les resserrer. Parfois les racines empêchent de les rapprocher de trop ; il ne faut pas hésiter à tailler tout un coté du pain racinaire afin de permettre le rapprochement de certains arbres (on laissera toutes les racines de l'autre coté).

Aidez vous des fils de fixation pour que les arbres ne tiennent debout (surtout s’ils sont grands), mais ne serrez pas. C’est juste une mise en place « à blanc ».

Ayez toujours un vaporisateur à portée de main, pour éviter le dessèchement des radicelles.


Une fois la position des arbres déterminée, enlevez les du pot, placez le substrat et remettez les arbres dans leur position. Vous pouvez prendre une photo à la fin du « montage à blanc » afin de vous rappeler la position exacte.

Arrimez les arbres définitivement avec un maximum de fils, recouvrez de substrat.


Taille de mise en forme

La forêt se travaille en la considérant dans sa globalité. Il ne faut pas vouloir tailler chaque arbre individuellement, mais travailler sur l’aspect général.

De la même manière que sur un arbre on coupera tout ce qui pousse vers l’intérieur de la ramure, on coupera tout ce qui pousse vers l’intérieur de la forêt.

La tête de l’arbre principale est refaite en utilisant une branche latérale, ligaturée et relevée vers le haut. Elle n’est pas encore assez verticale, mais pour éviter de la casser l’opération se fera progressivement sur plusieurs jours.

Placez de la mousse à la surface. Au-delà de l’aspect esthétique, la mousse va éviter un dessèchement trop rapide du substrat.

L’année prochaine de nouveaux arbres seront ajoutés à l'arrière. Actuellement les 3 groupes semblent trop distincts, de petits arbres feront l’union entre eux.

L’esthétique de cette forêt est assez particulière, de grands arbres filiformes, très élancés. L’effet de perspective est intéressant. 

Entretien de la forêt

La faible épaisseur de substrat rend la forêt assez sensible aux excès de chaleur et aux gelées. L’hivernage se fera de préférence en serre froide, ou bien le pot bien protégé sous une couche de feuilles. Durant l’été, la forêt sera placée à l’ombre aux heures chaudes de la journée (idéalement une exposition Est, soleil le matin).

Pour en savoir plus...

Michel Sacal avait tourné un DVD sur la création de forêt. Il vous montre par la vidéo ce qu'il est difficile de montrer en quelques images. Très instructofs !